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> Congo Hold-up leak
Bien que le dernier mandat du président Joseph Kabila en tant que chef de l’État de la République démocratique du Congo (RDC) devait s’achever en décembre 2016, il s’est accroché au pouvoir et a retardé les élections pendant deux ans. Tandis que l’attention de nombreux observateurs était focalisée sur les tactiques dilatoires de M. Kabila visant à repousser les élections à Kinshasa, son frère Francis Selemani a acheté de nombreuses résidences de luxe aux États-Unis et en Afrique du Sud moyennant apparemment, au moins en partie, des fonds détournés du gouvernement congolais.* M. Selemani était alors directeur général de la BGFIBank RDC, la filiale congolaise du Groupe BGFIBank basé au Gabon.* * M. Selemani et la famille Kabila ont utilisé un réseau de sociétés et la banque qu’ils contrôlaient pour détourner des fonds publics afin d’acquérir des millions de dollars en immobilier à l’étranger. Ils ont versé des sommes substantielles en toute impunité via la BGFIBank RDC. Parmi les opérations les plus préoccupantes identifiées par un audit interne de la BGFIBank RDC figurent des virements de plusieurs millions de dollars impliquant une société obscure dénommée Sud Oil.*
Congo Hold-up
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Une fuite de plusieurs millions de dossiers bancaires obtenus par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) et Mediapart, puis partagés avec The Sentry par la PPLAAF et le réseau European Investigative Collaborations, révèlent que Sud Oil a effectué entre 2015 et 2018 des virements dont le total s’élève à plus de 12 millions de dollars à des comptes et des sociétés appartenant ou contrôlées par M. Selemani.* Des enquêtes menées par The Sentry, le Congo Research Group et d’autres membres du consortium Congo Hold-up—le groupe international d’organisations à but non lucratif et d’organes de presse enquêtant dans le cadre d’un travail de collaboration sur la fuite—montrent que Sud Oil a reçu au moins 85 millions de dollars de fonds provenant d’une gamme d’institutions publiques congolaises, y compris la Banque centrale du Congo, la mission permanente de la RDC aux Nations Unies à New York, l’entreprise publique Gécamines et la commission électorale nationale indépendante (Céni).*Alors que les 12 millions de dollars transitaient par des comptes détenus par M. Selemani et par des sociétés possédant des liens avec lui-même et avec sa femme, M. Selemani a acquis 17 propriétés dont le montant total s’élevait à 6,6 millions de dollars dans les banlieues aisées de Washington aux États-Unis et de Johannesbourg en Afrique du Sud. *
The Sentry a identifié une série d’irrégularités, de fausses représentations et d’incohérences indicatrices d’un risque de blanchiment d’argent et d’autres crimes financiers dans les opérations liées aux comptes bancaires détenus par M. Selemani et ses sociétés. Les fonds reçus des institutions publiques manquaient de justification et les sources de financement de certains virements étaient faussées. M. Selemani a employé des structures d’entreprise qui dissimulaient son identité en tant que propriétaire lors de 16 des 17 acquisitions immobilières découvertes par The Sentry.* Au départ, M. Selemani avait acquis neuf propriétés à son nom, mais il a ensuite transféré leurs titres à une société commerciale et à des fiducies sous son contrôle, y compris en les vendant à sa propre société dans le cadre d’une série d’opérations indicatrices d’un risque de blanchiment d’argent par le biais de l’immobilier.
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